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osantes, des plus augustes cérémonies qu’ait jamais vues un peuple libre, pour y jurer d’être fidèles à la loi, à la nation, au roi ? Ils ne sont retournés dans leurs garnisons, que pour être, à leur arrivée, rebelles à la loi, rebelles à la nation, rebelles au roi ; et ils n’ont mis que l’intervalle d’un. mois entre le serment et le parjure. Je voudrais que ces personnes, dont je connais plusieurs, dignes d’estime, mais qui ne laissent pas d’être complètement tranquilles sur toutes, ces fermentations populaires, de voir presque avec peine tous les efforts et les soins de la force publique pour les empêcher, et de regarder presqu’en pitié ceux qui s’en alarment ; je voudrais, dis-je, que pour nous rassurer entièrement, elles daignassent prendre la plume et nous prouver que ces fermentations, ces orages, cette. tourmente prolongée ne conduisent pas ou j’ai dit ; qu’elles ne produisent pas l’esprit d’insubordination et d’indiscipline ; ou bien, que cet esprit n’est pas le plus redoutable ennemi des lois t de la liberté. Je voudrais aussi qu’elles, nous montrassent ce que pourrait devenir la France, si le gros du peuple français, las de ses propres imprudences, et de l’anarchie qui en serait la suite ; las de ne pas voir arriver un terme qu’il aurait lui-même constamment éloigné, venait à croire que c’est là la liberté ; à prendre en dégoût la