Page:Chénier - Œuvres en prose éd. Moland, 1879.djvu/103

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dès qu’on le voit se porter de côté et d’autre en un instant et ramener la tranquillité, veiller à tout ce qui intéresse la ville au-dedans et au-dehors, contenir chacun dans ses limites, en un mot, faire son devoir : les voilà tous déchaînés contre M. de la Fayette ; c’est un traître, un homme vendu, un ennemi de la liberté. L’abbé Sieyes, par des écrits énergiques et lumineux, et par son courage dans les états-généraux, jette les fondements de l’Assemblée nationale et de notre constitution, et du gouvernement représentatif ; et tout se réunit polir admirer, respecter, honorer l’abbé Sieyes. Ce même abbé Sieyes s’oppose au torrent de l’opinion générale dans une matière où l’expérience a démontré qu’il avait raison ; il condamne les rigueurs exercées contre des personnes, lorsqu’il ne devait être question que des choses ; il vent mettre un frein à l’intolérable audace des écrivains calomniateurs : et voilà l’abbé Sieyes devenu. un ennemi de l’État, un fauteur du despotisme, un dangereux hypocrite, un courtisan déguisé. Voyez M. de Condorcet, qui depuis vingt ans n’a cessé de bien mériter de l’espèce humaine, par nombre d’écrits profonds destines à l’éclairer et à défendre tous ses droits ; voyez, en un mot, tous les hommes qui ont consacré au bien public, à la patrie, à la liberté, leur voix, ou leur