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Sur des monceaux de rose, au calice embaumé,
Il dormait. Un souris sur sa bouche formé
L’entr’ouvrait mollement ; et de jeunes abeilles
Venaient cueillir le miel de ses lèvres vermeilles.


J’apprends, pour disputer un prix si glorieux,
Le bel art d’Erychton, mortel prodigieux,
Qui sur l’herbe glissante, en longs anneaux mobiles,
Jadis homme et serpent traînait ses pieds agiles.
Elevé sur un axe Erychton le premier
Aux liens du timon attacha le coursier,
Et vainqueur près des mers, sur les sables arides,
Fit voler à grand bruit les quadriges rapides.
Le Lapithe hardi dans ses jeux turbulens
Le premier des coursiers osa presser les flancs.
Sous lui dans un long cercle achevant leur carrière
Ils surent aux liens livrer leur tête altière,
Blanchir un frein d’écume, et légers, bondissans,
Agiter, mesurer leurs pas retentissans.


Je sais, quand le midi leur fait désirer l’ombre,
Entrer à pas muets sous le roc frais et sombre,
D’où parmi le cresson et l’humide gravier
La naïade se fraie un oblique sentier.
Là j’épie à loisir la nymphe blanche et nue
Sur un banc de gazon mollement étendue,