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Et sa main quelquefois aimable et caressante
Feignait de châtier mon enfance imprudente.
C’est devant ses amans, auprès d’elle confus,
Que la fière beauté me caressait le plus.
Que de fois (mais hélas ! que sent-on à cet âge ?)
Les baisers de sa bouche ont pressé mon visage ;
Et les bergers disaient, me voyant triomphant :
« Ô que de biens perdus ! Ô trop heureux enfant ! »


Toujours ce souvenir m’attendrit et me touche,
Quand lui-même appliquant la flûte sur ma bouche,
Riant et m’asseyant sur lui, près de son cœur,
M’appelait son rival et déjà son vainqueur.
Il façonnait ma lèvre inhabile et peu sûre
À souffler une haleine harmonieuse et pure.
Et ses savantes mains prenant mes jeunes doigts,
Les levaient, les baissaient, recommençaient vingt fois,
Leur enseignant ainsi, quoique faibles encore,
À fermer tour à tour les trous du buis sonore.



(IMITÉ DE PLATON.)


LA reposait l’Amour, et sur sa joue en fleur B
D’une pomme brillante éclatait la couleur.
Je vis, dès que j’entrai sous cet épais bocage,
Son arc et son carquois suspendus au feuillage.