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Afin que mes leçons moins timides que toi
Te fassent soupirer et languir comme moi ;
Et qu’enfin rassuré, cette joue enfantine
Doive à mes seuls baisers cette rougeur divine.
Ô je voudrais qu’ici tu vinsses un matin
Reposer mollement ta tête sur mon sein
Je te verrais dormir, retenant mon haleine ;
De peur de t’éveiller, ne respirant qu’à peine.
Mon écharpe de lin que je ferais flotter,
Loin de ton beau, visage aurait soin d’écarter
Les insectes volans et la jalouse abeille.
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ARCAS ET PALÉMON.


PALÉMON.

Tu poursuis Damalis : mais cette blonde tête
Pour le joug de Vénus n’est point encore prête.
C’est une enfant encore ; elle fuit tes liens,
Et ses yeux innocens n’entendent pas les tiens.
Ta génisse naissante au sein du pâturage
Ne cherche aux bords des eaux que le saule et l’ombrage ;
Sans répondre à la voix des époux mugissans,
Elle se mêle aux jeux de ses frères naissans.