Page:Chénier - Œuvres complètes, éd. Latouche, 1819.djvu/80

Cette page n’a pas encore été corrigée


» Des corbeaux et des loups les tristes hurlemens
» Répondant seuls la nuit à ses gémissemens ;
» N’ayant d’autres amis que les bois solitaires,
» D’autres consolateurs que ses larmes amères,
» Il se traîne ; et souvent sur la pierre il s’endort
» À la porte d’un temple, en invoquant la mort.

» — Que m’as-tu dit ? La foudre a tombé sur ma tête.
» Dieux ! ah grands dieux ! partons Plus de jeux plus de fête,
» Partons. Il faut vers lui trouver des chemins sûrs ;
» Partons. Jamais sans lui je ne revois ces murs.
» Ah dieux ! quand dans le vin, les festins, l’abondance,
» Enivré des vapeurs d’une folle opulence,
» Celui qui lui, doit tout chante et s’oublie et rit,
» Lui peut-être il expire, affamé, nu, proscrit,
» Maudissant, cornue ingrat, son vieil ami qui l’aime.
» Parle : était-ce bien lui ? le connais-tu toi-même ?
» En quels lieux était-il ? où portait-il ses pas ?
» Il sait où vit Lycus, pourquoi ne vient-il pas ?
» Parle : était-ce bien lui ? parle, parle, te dis-je ;
» Où l’as-tu vu ? Mon hôte, à regret je t’afflige.
» C’était lui, je l’ai vu ............
....................
.......... » Les douleurs de son ame
» Avaient changé ses traits. Ses deux fils et sa femme,
» À Delphes, confiés au ministre du dieu,
» Vivaient de quelques dons offerts dans le saint lieu.
» Par des sentiers secrets fuyant l’aspect des villes,
» On les avait suivis jusques aux Thermopyles.
» Il en gardait encore un douloureux effroi.