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LE MALADE.



« Apollon, dieu sauveur, dieu des savans mystères,
» Dieu de la vie, et dieu des plantes salutaires,
» Dieu vainqueur de Python, dieu jeune et triomphant,
» Prends pitié de mon fils, de mon unique enfant !
» Prends pitié de sa mère aux larmes condamnée,
» Qui ne vit que pour lui, qui meurt abandonnée,
» Qui n’a pas dû rester pour voir mourir son fils ;
» Dieu jeune, viens aider sa jeunesse. Assoupis,
» Assoupis dans son sein cette fièvre brûlante
» Qui dévore la fleur de sa vie innocente.
» Apollon, si jamais, échappé du tombeau,
» Il retourne au Ménale avoir soin du troupeau ;
» Ces mains, ces vieilles mains orneront ta statue
» De ma coupe d’onyx, à tes pieds suspendue ;
» Et, chaque été nouveau, d’un taureau mugissant
» La hache à ton autel fera couler le sang.

» Eh bien, mon fils, es-tu toujours impitoyable ?
» Ton funeste silence est-il inexorable ?