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Les rêves transparens, troupe vaine et fluide,
D’un vol étincelant caressent ses lambris.
Auprès d’elle à toute heure elle occupe les ris.
L’un pétrit les baisers des bouches embaumées ;
L’autre le jeune éclat des lèvres enflammées ;
L’autre, inutile et seul, au bout d’un chalumeau
En globe aérien souffle une goutte d’eau.
La reine, en cette cour qu’anime la folie,
Va, vient, chante, se tait, regarde, écoute, oublie ;
Et dans mille cristaux qui portent son palais,
Rit de voir mille fois étinceler ses traits.


(Au bord du Rhône, le 7 juillet 1790.)


..........Terre, terre chérie,
Que la liberté sainte appelle sa patrie.
Père du grand sénat, ô sénat de Romans,
Qui de la liberté jeta les fondemens ;
Romans, berceau des lois, vous Grenoble et Valence,
Vienne, toutes enfin ! monts sacrés d’où la France
Vit naître le soleil avec la liberté !
Un jour le voyageur par le Rhône emporté,
Arrêtant l’aviron dans la main de son guide
En silence et debout sur sa barque rapide,