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XVIII.


Peuple, la liberté, d’un bras religieux,
Garde l’immuable équilibre
De tous les droits humains, tous émanés, des cieux.
Son courage n’est point féroce et furieux ;
Et l’oppresseur n’est jamais libre.
Périsse l’homme vil ! périssent les flatteurs,
Des rois, du peuple infâmes corrupteurs !
L’amour du souverain, de la loi salutaire,
Toujours teint leurs lèvres de miel.
Peur, avarice ou haine, est, leur dieu sanguinaire.
Sur la vertu toujours leur langue amère
Distille l’opprobre et le fiel.
Hydre en vain écrasé, toujours prompt à renaître,
Séjans, Tigellins empressés
Vers quiconque est devenu maître ;
Si, voués au lacet, de faibles accusés.
Expirent sous les mains de leurs coupables frères
Si le meurtre est vainqueur ; si les bras insensés
Forcent des toits héréditaires ;

XIX.


C’est bien. Fais-toi justice, o peuple souverain,
Dit cette cour lâche t, hardie.
Ils avaient dit C’EST BIEN ; quand, la lyre à la main,
L’incestueux chanteur, ivre de sang romain,
Applaudissait à l’incendie.