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X.


Bientôt ce reste même est contraint de plier.
Ô raison, divine puissance !
Ton souffle impérieux dans le même sentier
Les précipite tous. Je vois le fleuve entier
Rouler en paix son onde immense,
Et dans ce lit commun tous ces faibles ruisseaux
Perdre à jamais et leurs noms et leurs eaux.
Ô France ! sois heureuse entre toutes les mères.
Ne pleure plus des fils ingrats,
Qui jadis s’indignaient d’être appelés nos frères ;
Tous revenus des lointaines chimères,
La famille est toute en tes bras.
Mais que vois-je ? ils feignaient ? Aux bords de notre Seine
Pourquoi ces belliqueux apprêts ?
Pourquoi vers notre cité reine
Ces camps, ces étrangers, ces bataillons français
Traînés à conspirer au trépas de la France ?
De quoi rit ce troupeau d’ennuques du palais ?
Riez, lâche et perfide engeance.


XI.


D’un roi facile et bon corrupteurs détrônés,
Riez ; mais le torrent s’amasse.
Riez ; mais du volcan les feux emprisonnés
Bouillonnent. Des lions si long-temps déchaînés
Vous n’attendiez plus tant d’audace ?