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Long-temps, en trois races d’humains,
Chez nous l’homme a maudit ou vanté sa naissance
Les ministres de l’encensoir,
Et les grands, et le peuple immense. —
Tous à leurs envoyés confieront leur pouvoir.
Versailles les attend. On s’empresse d’élire ;
On nomme. Trois palais s’ouvrent pour recevoir
Les représentans de l’empire.

V.


D’abord pontifes, grands, de cent titres ornés,
Fiers d’un règne antique et farouche,
De siècles ignorans à leurs pieds prosternés,
De richesses, d’aïeux vertueux ou prônés.
Douce égalité, sur leur bouche,
À ton seul nom pétille un rire âcre et jaloux.
Ils n’ont point vu sans effroi, sans courroux,
Ces élus plébéiens, forts des maux de nos pères,
Forts de tous nos droits éclaircis,
De la dignité d’homme, et des vastes lumières
Qui du mensonge ont percé les barrières.
Le sénat du peuple est assis.
Il invite en son sein, où respire la France,
Les deux fiers sénats ; mais leurs cœurs
N’ont que des refus. Il commence :
Il doit tout voir ; créer l’État, les lois, les mœurs.
Puissant par notre aveu, sa main sage et profonde
Veut sonder notre plaie, et de tant de douleurs
Dévoiler la source féconde.