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Où mon cœur, respirant sous un ciel étranger,
Ne verra plus des maux qu’il ne peut soulager ;
Où mes yeux éloignés des publiques misères
Ne verront plus partout les larmes de mes frères,
Et la pâle indigence à la mourante voix,
Et les crimes puissans qui font trembler les lois.
Toi donc, Équité sainte, ô toi, vierge adorée,
De nos tristes climats pour long-temps ignorée,
Daigne, du haut des cieux, goûter le libre encens
D’une lyre au cœur chaste, aux transports innocens,
Qui ne saura jamais, par des vœux mercenaires,
Flatter, à prix d’argent, des faveurs arbitraires ;
Mais qui rendra toujours, par amour et par choix,
Un noble et pur hommage aux appuis de tes lois.
De vœux pour les humains tous ses chants retentissent :
La vérité l’enflamme ; et ses cordes frémissent,
Quand l’air qui l’environne auprès d’elle a porté
Le doux nom des vertus et de la Liberté,