Page:Chénier - Œuvres complètes, éd. Latouche, 1819.djvu/256

Cette page n’a pas encore été corrigée


Ce tissu transparent, ce réseau de Vulcain,
Qui, perfide et propice à l’amant incertain,
Lui semble un voile d’air, un nuage liquide,
Oit Vénus se dérobe et fuit son œil avide,


Crains que l’ennui fatal dans son cœur introduit
Puisse compter les pas de l’heure qui s’enfuit.
Il est pour la tromper un aimable artifice ;
Amuse-là des jeux qu’invente le caprice,
Lasse sa patience à mille tours malins,
Ris et de sa faiblesse et de ses cris mutins.
Tu braves tant de fois sa menace éprouvée,
Elle vole ; tu fuis ; la main déjà levée
Elle te tient, te presse ; elle va te punir.
Mais vos bouches déjà ne cherchent qu’à s’unir,
Le ciel d’un feu plus beau luit après un orages
L’amour fait à Paphos naître plus d’un nuage,
Mais c’est le souffle pur qui rend l’éclat à l’or,
Et la peine en amour est un plaisir encor,
Le hasard à ton gré n’est pas toujours docile ?
Une belle est un bien si léger, si mobile !
Souvent tes doux projets, médités à loisir,
D’avance destinaient la journée au plaisir ;
Non, elle ne veut pas. D’autres soins occupée,
Tu vois avec douleur ton attente échappée,
Surtout point de contrainte. Espère un plus beau jour,
Imprudent qui fatigue et tourmente l’amour.