Page:Chénier - Œuvres complètes, éd. Latouche, 1819.djvu/250

Cette page n’a pas encore été corrigée

Je vois l’être et la vie et leur source inconnue ;
Dans les fleuves d’éther tous les mondes roulans.
Je poursuis la comète aux crins étincelans,
Les astres et leurs poids, leurs formes, leurs distances ;
Je voyage avec eux dans leurs cercles immenses.
Comme eux, astre, soudain je m’entoure de feux ;
Dans l’éternel concert je me place avec eux
En moi leurs doubles lois agissent et respirent
Je sens tendre vers eux mon globe qu’ils attirent.
Sur moi qui les attire ils pèsent à leur tour.
Les élémens divers, leur haine leur : amour,
Les causes, l’infini s’ouvre à mon œil avide.
Bientôt redescendu sur notre fange humide,
J’y rapporte des vers de nature enflammés,
Aux purs rayons des dieux dans ma course allumés.
Écoutez donc ces chants d’Hermès dépositaires,
Où l’homme antique, errant dans ses routes premières,
Fait revivre à vos yeux l’empreinte de ses pas.
Mais dans peu, m’élançant aux armes, aux combats,
Je dirai l’Amérique à l’Europe montrée
J’irai dans cette riche et sauvage contrée
Soumettre au Mançanar le vaste Maramon :
Plus loin dans l’avenir je porterai mon nom,
Celui de cette Europe en grands exploits féconde,
Que nos jours ne sont loin des premiers jours du monde.