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Tant d’aveugles mortels s’agiter follement,
Aux sentiers de la vie errer confusément,
Se croiser, se choquer, disputer de richesse,
Combattre d’insolence ou lutter de bassesse,
S’élever en rampant à d’indignes honneurs,
Et se précipiter sur l’écueil des grandeurs.

Mais tandis qu’agité du souffle de l’envie,
Fuyant, touchant à peine aux rives de la vie,
Ce torrent de mortels roule à flots insensés
À travers les débris des siècles entassés,
La gloire, et l’amitié plus douce que la gloire,
Fixeront nos destins au temple de Mémoire.


LE BRUN.


ÉPÎTRE II


AMI, chez nos Français ma muse voudrait plaire ;
Mais j’ai fui la satire à leurs regards si chère.
Le superbe lecteur, toujours content de lui,
Et toujours plus content s’il peut rire d’autrui,
Veut qu’un nom imprévu, dont l’aspect le déride,
Égaie au bout du vers une rime perfide ;