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Ne sillonnera plus les prés et le rivage.
Tes regards, ton murmure, obscur et doux langage,
N’inquiéteront plus nos soins officieux ;
Nous ne recevrons plus, avec des cris joyeux,
Les efforts impuissans de ta bouche vermeille,
À bégayer les sons offerts à ton oreille.
Adieu, dans le demeure oit nous nous suivrons tous ;
Où ta mère déjà, tourne ses yeux jaloux.


PARTONS, la voile est prête, et Byzance m’appelle.
Je suis vaincu ; je suis au joug d’une cruelle.
Le temps, les longues mers peuvent seuls m’arracher
Ses traits que malgré moi je vais toujours chercher ;
Son image partout à mes yeux répandue ;
Et les lieux qu’elle habite et ceux ou je l’ai vue.
Son nom qui me poursuit, tout offre tout, moment,
Au feu qui me consume un funeste a liment,
Ma chère liberté, mon unique hérite,.
Trésor qu’on méconnaît tant qu’on en a l’usage,
Si doux à perdre, hélas ? et si-tôt regrette,
M’attends-tu sur ces bords ma chère liberté ?
Tout mortel se soulage à parler de ses maux.
Le suc que d’Amérique enfantent les roseaux
Tempère au moins un peu les breuvages d’absinthe.
Ainsi le fiel d’amour s’adoucit par la plainte ;