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ÉLÉGIES XXIX.


Allons, l’heure est venue, allons trouver Camille.
Elle me suit partout. Je dormais, seul tranquille,
Un songe me l’amène ; et mon sommeil s’enfuit.
Je la voyais en songe au milieu de la nuit,
Elle allait me cherchant sur sa couche fidelle
Et me tendait les bras et m’appelait près d’elle.,
Les songes ne sont point capricieux et vains ;
Ils ne vont point tromper les esprits des humains.
De l’Olympe souvent un, songe est la réponse,
Dans tous ceux des amans, la vérité s’annonce.
Quel air suave et fiais le beau ciel ! le beau jour !
Les Dieux me le gardaient ; il est fait pour l’amour.

Quel charme de trouver la beauté paresseuse
De venir visiter sa couche matineuse,
De venir la surprendre, au moment que ses yeux
S’efforcent de s’ouvrir à la clarté des cieux ;
Douce dans son éclat, et fraîche, et reposée,
Semblable aux autres fleurs, filles de la rosée.
Oh ! quand j’arriverai, si, livrée aux repos,
Ses yeux n’ont point encor secoué les pavots,