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ÉLÉGIE XXXIV.


Qu’un autre soit jaloux d’illustrer sa mémoire
Moi, j’ai besoin d’aimer ; qu’ai-je besoin de gloire ?
S’il faut, pour obtenir ses regards complaisons,
À l’ennui de l’étude immoler mes beaux ans ;
S’il faut toujours errant, sans lien., sans maîtresse,
Étouffer dans mon cœur la voix de la jeunesse,
Et sur un lit oisif, consumé de langueur,
D’une nuit solitaire accuser la longueur ?
Aux sommets où Phœbus a choisi sa retraite,
Enfant, je n’allai point me réveiller poète
Mon cœur, loin du Permesse, a connu dans un jour
Les feux de Calliope et les feux de l’amour.
L’amour seul dans mon orme a créé le génie ;
L’amour est seul arbitre et seul dieu de ma vie ;
En faveur de l’amour quelquefois Apollon
Jusqu’à moi volera de son double vallon.
Mais que tous deux alors ils donnent à ma bouche
Cette voix qui séduit, qui pénètre, qui touche ;
Cette voix qui dispose à ne refuser rien,.
Cette voix, des amans le plus tendre lien.
Puisse un coup-d’œil flatteur, provoquant mon hommage,