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Attendant le mortel qui fait toute sa joie,
S’amuse à mes chansons, y médite à loisir
Les baisers dont bientôt elle veut l’accueillir.
Qu’à bien aimer tous deux mes chansons les excitent ;
Qu’ils s’adressent nies vers, qu’ensemble ils les récitent :
Lassés de leurs plaisirs, qu’au feu de mes pinceaux
Ils s’animent encore à des plaisirs nouveaux ;
Qu’au matin sur sa couche à me lire empressée,
Lise du cloître austère éloigne sa pensée ;
Chaque bruit qu’elle entend, que sa tremblante main
Me glisse dans ses draps et tout près de son sein.
Qu’un jeune homme, agité d’une flamme inconnue,
S’écrie aux doux tableaux de ma muse ingénue :
« Ce poëte amoureux, qui me connaît si bien,
» Quand il a peint son cœur, avait lu dans le mien. »



ÉLÉGIE XXXIII.


DE PANGE, le mortel dont l’ame est innocente,
Dont la vie est paisible et de crimes exempte,
N’a pas besoin du fer qui veille autour des rois ;
Des flèches dont le Scythe a rempli son carquois ;
Ni du plomb que l’airain vomit avec la flamme.
Incapable de nuire, il ne voit dans son ame