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hâter un supplice ; il s’abstenait même de, paraître à la Convention. Il pouvait mourir avec son frère, non le sauver.

Heureux si l’on eût suivi ses conseils ! si l’on se fût renfermé, pour André, dans cette prudence qui Conserva les jours de M. Sauveur de Chénier, détenu en même temps à la Conciergerie.

Nous n’expliquons point ces détails pour réfuter la basse calomnie qui essaya de rendre Marie-Joseph responsable du sort de son frère. Cette justification serai une injure à sa mémoire. Les plus violens adversaires de ses principes, les plus injustes détracteurs de son talent n’ont jamais trempé dans ces vils soupçons quand ils ont mérité l’honneur de le combattre. Certes, on ne connaît point à M. de Châteaubriand de raison d’aimer Chénier. Son successeur à l’Académie a peut-être, dans un discours fameux, laissé revivre trop de ressentimens contre lui ; mais dans ce discours, il ajoute : « Chénier a su, comme moi, ce que c’est que de perdre un frère tendrement aimé ; il serait sensible à l’hommage que je rends à ce frère, car il était naturellement généreux » On sait que les amis de l’un furent ceux de l’autre jusqu’à la mort. Et sa mère, dit le respectable M. Daunou, en parlant de la victime si malheureusement immolée, sa mère qui l’a pleuré quatorze ans, demeura tant qu’elle vécut avec Marie-Joseph. C’était lui qui la consolait.