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Vous bosquets d’Anio, vous ombrages fleuris,
Dont l’épaisseur fut chère aux nymphes du Lyris ;
Toi surtout, ô Vaucluse, ô retraite charmante !
Ô ! que j’aille y languir aux bras de mon amante ;
De baisers, de rameaux, de guirlandes lié,
Oubliant tout le monde, et du monde oublié.
Ah ! que ceux qui, plaignant l’amoureuse souffrance,
N’ont connu qu’une oisive et morne indifférence,
En bonheur, en plaisir pensent m’avoir vaincu :
Ils n’ont fait qu’exister, l’amant seul a vécu.



ÉLÉGIES XXVII.


SOUFFRE un moment encor ; tout n’est que changement,
L’axe tourne, mon cœur ; souffre encor un moment.
La vie est-elle toute aux ennuis condamnée ?
L’hiver ne glace point tous les mois de l’année.,
L’Eurus retient souvent ses bonds impétueux ;
Le fleuve, emprisonné dans des rocs tortueux,
Lutte, s’échappe, et va par des pentes fleuries
S’étendre mollement sur l’herbe des prairies.
C’est ainsi que d’écueils et de vagues pressé,
Pour mieux goûter le calme il faut avoir passé,
Des pénibles détroits d’une vie orageuse,