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Soit plutôt que ; passant et vallons et rivières,
J’aie an loin parcouru les terres étrangères
D’un vaste champ de fleurs je tire un peu de miel.
Tout m’enrichit et tout m’appelle ; et chaque ciel
M’offrant quelque dépouille utile et précieuse,
Je remplis lentement ma ruche industrieuse.


ÉLÉGIE XXV.


REINE de mes banquets que Lycoris y vienne ;
Que des fleurs de sa tête elle pare la mienne.
Pour enivrer mes sens, que le feu de ses yeux
S’unisse à la vapeur des vins délicieux.
Hâtons-nous ; l’heure fuit. Un jour inexorable,
Vénus, qui pour les dieux fit le bonheur durable,
À nos cheveux blanchis refusera des fleurs,
Et le printemps pour nous n’aura plus de couleurs.
Qu’un sein voluptueux, des lèvres demi-closes,
Respirent près de nous leur haleine de roses ;
Que Phryné sans réserve abandonne à nos yeux
De ses charmes secrets les contours gracieux.

Quand l’âge aura sur nous mis sa main flétrissante
Que pourra la beauté quoique toute-puissante ?