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Elle entendra mes pleurs, elle verra mes larmes ;
Et dans ses yeux divins, pleins de-grâces, de charmes,
Le sourire ou la haine, arbitres de mon sort,
Vont ou me pardonner ou prononcer ma mort.



ÉLÉGIE XXIII.


Ô nuit, nuit douloureuse ! ô toi, tardive aurore,
Viens-tu ? vas-tu venir ? es-tu bien loin encore ?
Ah ! tantôt sur un flanc, puis sur l’autre au hasard,
Je me tourne et m’agite., et ne peux nulle part
Trouver que l’insomnie amère, impatiente,
Qu’un malaise inquiet et qu’une fièvre ardente.
Tu dors, belle Camille ; et c’est toi, mon amour
Qui retient ma paupière ouverte jusqu’au jour.
Si tu l’avais voulu, dieux ! Cette nuit cruelle
Aurait pu s’écouler plus rapide et plus belle,
Mon ame comme un songe autour de ton sommeil
Voltige. En me lisant, demain à ton réveil
Tu verras, comme toi, si mon cœur est paisible.
J’ai soulevé, pour toi, sur ma couche pénible,
Ma tête appesantie. Assis, et plein de toi,
Le nocturne flambeau qui luit auprès de moi,
Me voit, en sous plaintifs et mêlés de caresses,