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le droit d’appeler au peuple du jugement qui le condamnait. Cette lettre, signée dans la nuit du 17 au 18 janvier, est d’André Chénier. Elle a été imprimée dans ce volume sur la minute écrite de sa propre main, et corrigée en plusieurs passages sur les avis de M. de Malesherbes.

Tant d’imprudentes vertus avaient compromis les jours de Chénier. On le décida à quitter Paris vers 1793. Il alla d’abord à Rouen, puis à Versailles où Marie-Joseph avait réuni des suffrages populaires. L’amitié des deux frères s’était entretenue par de continuels et de réciproques témoignages. Nous publions une lettre de l’auteur d’Henri VIII, où se peint la plus ancienne et la plus fidèle affection. C’est à son frère qu’il dédia sa tragédie de Brutus et Cassius. André, à son tour, prend sa défense contre les injurieuses déclamations de Burke ; il adresse à Marie-Joseph la première de ses Odes, et se plaît sans cesse à rappeler dans ses ouvrages le souvenir de leur mutuel appui.

À Versailles, son frère le protégea de son crédit ; il choisit lui-même la maison qui lui servit d’asile ; et là, dans ces murs devenus une solitude, abandonné à des jours de tristesse et de paix, notre poëte eût été conservé à la France, sans le plus déplorable et le plus inattendu des événemens. André apprit qu’un de ses amis, M. Pastoret, venait d’être arrêté à Passy. Il y vole ;