Page:Chénier - Œuvres complètes, éd. Latouche, 1819.djvu/139

Cette page n’a pas encore été corrigée

puissé-je ainsi toujours dans cette troupe chère,
Me revoir, chaque fois que mes avides yeux
Auront porté long-temps mes pas de lieux en lieux,
Amant des nouveautés compagnes de voyage.
Courant partout ; partout cherchant à mon passage
Quelque ange aux yeux divins qui veuille me charmer,
Qui m’écoute ou qui m’aime, ou qui se laisse aimer.



ÉLÉGIE XVI.


Ah ! des pleurs ! des regrets ! lisez, amis. C’est elle.
On m’outrage, on me chasse, et puis on me rappelle.
Non : il fallait d’abord m’accueillir sans détours.
Non, non : je n’irai point. La nuit tombe ; j’accours.
On s’excuse, on gémit ; enfin on me renvoie,
Je sors. Chez mes amis je viens trouver la joie :
Et parmi nos festins un billet repentant
Bientôt me suit et vient me dire qu’on m’attend.

« Ecoute, jeune ami de ma première enfance,
» Je te connais. Malgré ton aimable silence,
» Je connais la beauté qui t’a contraint d’aimer,
» Qui t’agite tout bas, que tu n’oses nommer.
» Certe, un beau jour n’est pas plus beau que son visage.