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De l’ame et du génie enfans imaginaires.
Il se lève ; il s’agite à pas tumultueux ;
En projets enchanteurs il égare ses vœux.
Il ira, le cœur plein d’une image divine,
Chercher si quelques lieux ont une Clémentine,
Et dans quelque désert, loin des regards jaloux,
La servir, l’adorer et vivre à ses genoux.



ÉLÉGIE XV


Souvent le malheureux songe à quitter la vie,
L’espérance crédule à vivre le convie.
Le soldat sous la tente espère avec la paix,
Le repos, les chansons, les danses, les banquets.
Gémissant sur le soc, le laboureur d’avance,
Voit ses guérêts chargés d’une heureuse abondance.
Moi, l’espérance amie est bien loin de mon cœur.
Tout se couvre à mes yeux d’un voile de langueur ;
Des jours amers, des nuits plus amères encore.
Chaque instant est trempé du fiel qui me dévore ;
Et je trouve partout mon ame et mes douleurs,
Le nom de Lycoris et la honte et les pleurs.
Ingrate Lycoris à feindre accoutumée,
Avez-vous pu trahir qui vous a tant aimée ?