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modèles ; mais, frappé de l’intolérante obstination de quelques esprits à prétendre enfermer le vol des Muses dans le cercle de leurs étroites idées, il résolut de s’en affranchir, d’essayer des routes nouvelles, et consacra ce projet dans le poème intitulé l’Invention. L’amour de la nature et des vertus de cet âge naïf où l’on méconnut l’emploi de l’or, tourna ses idées vers l’Églogue. C’est une vocation des ames pures. Chatterton, dont la destinée présente avec celle de notre poète plus d’un rapport, s’exerça aussi dans ce genre. Cette sorte de composition était assez justement discréditée parmi nous, à cause des noms de Ronsard, de Fontenelle et quelques autres ; mais Chénier chercha les traces des maîtres, et quelquefois il les a rencontrées.

Un sentiment plein d’analogie avec la poésie s’empara des inspirations de ce cœur ; il retrouva pour le peindre toute la grâce oubliée des formes antiques. Amour, qui accables et soutiens les jours du poète, nul peut-être n’était destiné à te rendre avec plus d’éloquence. Il prend sur sa lyre des accens d’une vérité déchirante, ce sentiment qui tient à la douleur par un lien, par tant d’autres à la volupté.

Au milieu de ces agitations, il jeta les idées premières de plusieurs poèmes dont les plans n’étaient point arrêtés. Sous le titre vague d’Hermès, il