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Les rossignols seuls font du train.
Une fois la ligne à la main,
On doit se tenir immobile.

— En apercevant l’un de nous,
Dorénavant découvrez-vous.
Le ciel nous marque et nous désigne :
Quand on naît pêcheur à la ligne
On a droit aux respects de tous !

Entendez vous ? ô sotte espèce
Qui vous moquez de nous sans cesse,
Dès que vous voyez aux buissons
Accrochés nos fins hameçons
Et que nous sommes en détresse :

Entendez-vous ? ô canotiers,
Qui nous insultez volontiers,
Nous montrant d’un geste à vos dames,
En fuyant courbés sur vos rames,
Ainsi que font les flibustiers.

— Guerre ! si vous voulez la guerre.
Votre souvenir m’exaspère !…
Et par trop souvent vos canots
Exprès ont agité mes eaux,
Quand je poursuivais ma chimère.

— Et vous, qui pêchez aux filets !…
Gens de rien du tout, galuchets !
Qui prenez nos poissons en masses
Avec des seines ou des nasses ;
Nous serions honteux de tels faits !