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DU FEU.

même air ; c’eſt ce qui a été, je crois, invinciblement prouvé dans ce mémoire : Donc l’aliment du Feu n’eſt pas du Feu.

Mais que ſera-ce donc ?

Les parties les plus tenuës & les plus volatiles des corps, leſquelles cédant plus facilement que les autres à l’action du Feu, s’envolent avec lui dans l’air où elles ſe diſſipent, & ne reparoiſſent plus à nos yeux, du moins ſous la même forme ; car l’huile & l’eſprit ne ſont autre choſe que ces parties les plus ſubtiles, mêlées encore avec quelque flegme dont le Feu les dégage.

Et qu’il ne ſe change point en Feu. Mais ces exhalaiſons que le Feu tire des corps, cette huile qu’il conſume, ne ſe changent pas en ſa ſubſtance, ne deviennent pas du Feu.

Car, 1o. Si le Feu changeoit quelques parties des corps en Feu, la matiere ignée augmenteroit à tel point ſur la terre par la puiſſance du Feu, que tout deviendroit Feu à la fin : or la conſtitution de notre globe demande qu’il y ait toujours à peu près la même quantité de Feu, ſans quoi tous les germes ſeroient détruits :

2o. Il paroît par les plus exactes & les plus