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DE LA NATURE

ties les plus légeres des corps, que le Feu enleve, & qui diſparoiſſent entierement pour nous. LesQuel eſt l’aliment du Feu. opérations chimiques nous font voir que l’Huile eſt ſeule cet aliment du Feu ; on retrouve tous les autres principes, lorſqu’on raſſemble les exhalaiſons que le Feu tire des corps, l’Huile ſeule ſe conſume, & échappe enſuite entierement à nos ſens.

Que l’aliment du Feu n’eſt pas du Feu. De grands Philoſophes ont crû que cet aliment du Feu, qui diſparoît entierement pour nous, n’étoit autre choſe que le Feu lui-même, qui ſe dégageoit d’entre les pores des corps, mais ſi cela étoit, les matieres qui reſtent après des opérations réïterées, comme le caput mortuum, par exemple, devroient toujours être inflammables, car certainement cette tête-morte n’eſt pas entierement privée du Feu, cependant le Feu ne peut plus rien ſur elle : Donc elle ne contient plus cette matiere ſur laquelle le Feu exerçoit ſa puiſſance : Donc cette matiere n’eſt pas du Feu.

Il y a des corps qui contiennent beaucoup plus de ce pabulum, de cette huile qui nourrit le Feu, que d’autres, & cependant tous contiennent également de Feu dans un