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DE LA NATURE

Mais l’effet le plus ſingulier de ces mêlanges, & qui paroît entierement inexplicable, c’eſt que deux quantités égales, mais inégalement échauffées, d’un liquide quelconque, prennent par la mixtion, un degré de chaleur qui eſt la moitié de la différence de la chaleur que ces deux portions du même liquide avoient avant d’être mêlées ; ainſi une livre d’eau qui tient le Thermometre à 32 degrés, étant mêlée à une autre livre d’eau bouillante qui le tient à 212, fera monter le Thermometre après la mixtion, à 90 : or 90 eſt la moitié de la différence de 32 à 212.

De quelque façon qu’on explique ce Phénomene ſi ſingulier, il eſt toujours certain qu’il eſt une nouvelle preuve de l’égalité avec laquelle le Feu ſe répand dans les corps.

Dans toutes les fermentations, ſoit chaudes, ſoit froides, le mouvement dure juſqu’à ce que les liqueurs ayent repris leur température ordinaire ; ce mouvement eſt cauſé par le combat de l’action du Feu ſur les corps, & de la réſiſtance que les corps lui oppoſent par leur coheſion, ce qui nous prouve que les fermentations froides dépendent auſſi de la combinaiſon de ces deux forces.