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DE LA NATURE

cependant près de trois fois autant de chaleur que l’eau avant de bouillir, & l’Eſprit de Vin qui eſt auſſi plus léger que l’eau, acquert moins de chaleur qu’elle dans l’ébullition.

Le Mercure eſt de tous les fluides celui auquel il faut un plus grand Feu pour bouillir ; ainſi on connoît avec certitude le plus grand degré de chaleur des autres fluides, à l’aide des Thermometres de Mercure.

La raréfaction ne ſuit point la denſité des liquides. 2o. La quantité de la raréfaction que le Feu opere ſur les fluides, depuis le froid artificiel produit par l’Eſprit de Nitre, juſqu’à l’ébullition, eſt différente dans les différens fluides ; mais elle ne ſuit ni la raiſon de la peſanteur ſpécifique, ni celle de la glutinité des parties, ni aucune raiſon conſtante, car l’Eſprit de Vin qui eſt plus léger que l’eau, augmente ſon volume de 1/9e. & l’eau ſeulement de 1/85e. mais le Mercure dont la péſanteur ſpécifique eſt à celle de l’eau comme 14 à 1, augmente le ſien de 4/51es. Ainſi il en faut toujours revenir à la contexture intime des corps quand on veut expliquer les effets que le Feu fait ſur eux ; & comme nous ne la connoîtrons jamais, il y aura toujours dans ces effets des exceptions aux regles les plus générales.