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DU FEU.

point encore trouvé les bornes de cette incorporation de l’Or dans l’Argent.

On voit dans cette expérience un exemple des deux plus puiſſans effets du Feu ſur les corps, l’un de les déſunir & de les ſéparer juſques dans leurs principes, & l’autre de les aſſembler & de les incorporer enſemble.

Ces deux effets ſi différens, qui paroiſſent l’αλφα & l’ωμέγα de la Nature, (ſi je puis m’exprimer ainſi,) le Feu les opere par cette même proprieté qui lui fait raréfier tous les corps, car pour que deux corps ſoient auſſi intimement unis que l’Or & l’Argent dont je viens de parler, il faut qu’ils ayent été diviſés juſques dans leurs principes, afin que leurs plus petites particules ayent pû s’unir intimement l’une à l’autre en ſe réfroidiſſant ; ainſi le Feu eſt le plus puiſſant, & peut-être le ſeul agent de la Nature pour unir & pour ſéparer, il fait le Verre, l’Or, le Savon, &c. & il diſſout tous ces corps, il paroît être enfin la cauſe de la plupart des formations, & des diſſolutions de la Nature.

Le Feu agit différemment ſur les différens