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DU FEU.

L’attrition ne produit point le Feu, mais elle le décele.les corps contiennent dans leur ſubſtance ; alors cette balance entre la puiſſance du Feu & la coheſion des parties des corps, n’eſt plus en équilibre, & cette ſupériorité de force, que le Feu acquiert par l’augmentation de ſon mouvement, ſe manifeſte par la chaleur des corps que l’on frotte, & quelquefois par leur embraſement.

Cet effet n’eſt point produit par l’air comme quelques-uns l’ont prétendu, puiſqu’il s’opere dans le vuide.

Les corps les plus élaſtiques étant ceux qui s’échauffent le plus par le frottement, cette cauſe doit produire peu d’effet ſur les fluides ; (car lorſque les fluides s’échauffent ſoit par l’agitation, ſoit par la mixtion, ils ne s’échauffent que par le frottement de leurs parties,) cette cauſe doit produire moins d’effet ſur les fluides moins élaſtiques, Les fluides s’échauffent très-difficilement par le frottement.c’eſt pourquoi l’eau pure s’échauffe très-difficilement par le mouvement ſeul, ſes parties échappant par leur liquidité aux frottemens néceſſaires pour mettre en action le Feu retenu dans ſes pores ; mais l’air au contraire, qui eſt très-élaſtique, s’échauffe très-ſenſiblement par l’attrition.