Page:Châtelet - Dissertation sur la nature et la propagation du feu, 1744.djvu/66

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
58
DE LA NATURE

quoi un fluide, ou quelque matiere onctueuſe interpoſée entre deux corps, diminuë beaucoup la chaleur excitée par le frottement, car ce fluide s’oppoſe au contact immédiat de ces corps en ſe gliſſant entr’eux ; c’eſt en partie pour cette raiſon que l’on graiſſe le moyeux des rouës.

L’élaſticité des corps fait que les oſcillations de contraction & de dilatation que le frottement excite en eux, ſe communiquent juſqu’à leurs parties les plus inſenſibles, & que par conſéquent le Feu retenu dans leurs pores, acquiert un plus grand mouvement.

Enfin la rapidité du mouvement de ces corps augmente cette action du Feu, car toute cauſe produit des effets d’autant plus grands, qu’elle eſt plus ſouvent & plus continuëment appliquée.

La production du Feu par le frottement, ſuit les loix du choc.

Ainſi les effets que le Feu produit par le frottement, ſuivent les loix generales du choc des corps, puiſqu’ils dépendent de la maſſe & de la vîteſſe, quoique peut-être dans une proportion qui n’eſt pas aſſignable, par les changemens que la différente contexture des parties internes des corps y doit apporter.

L’attrition ne fait que déceler le Feu que