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DE LA NATURE

La ſeconde cauſe qui manifeſte le Feu, & qui interrompt l’équilibre auquel il tend, c’eſt l’attrition des corps les uns contre les autres. Toutes les façons dont le Feu d’ici-bas peut être excité, ne ſont que des modifications de cette cauſe, de même que tous nos ſens ne ſont qu’un tact diverſifié.

Comment les premiers hommes ont connu le Feu.

C’eſt vraiſemblablement cette attrition des corps qui a fait connoître le Feu aux premiers hommes. L’embraſement de quelques forêts que l’agitation de leurs branches aura produit, ou le choc de deux cailloux, leur auront fait connoître cet être qui les animoit, & dont ils ne ſoupçonnoient pas même l’exiſtence.

Ainſi les premiers hommes auront pû voir long-tems la lumiére du Soleil, & ſentir ſa chaleur, ils auront pû éprouver les viciſſitudes du froid & du chaud cauſées par la ſanté, & la maladie, ſans avoir aucune idée du Feu, c’eſt-à-dire, de cet être que nous avons le pouvoir d’exciter, & pour ainſi dire de créer, car le premier Feu que les hommes ont produit, a dû leur paroître une création véritable.

La Nature ayant laiſſé deviner aux hom-