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DE LA NATURE

à ſe fuir, à s’écarter l’une de l’autre de plus, en plus, juſqu’à ce qu’enfin il les ait entiérement ſéparées.

Quelques Philoſophes conſidérant avec quelle force les parties des corps s’éloignent l’une de l’autre dans l’évaporation (puiſque la vapeur qui ſort de l’eau bouillante augmente ſon volume juſqu’à 14000 fois) ont ſuppoſé dans les particules des corps une force répulſive, par laquelle elles s’écartent & ſe fuyent dans de certaines circonſtances qui déployent cette force ; mais cette vertu répulſive paroît n’être autre choſe que l’action que le Feu exerce ſur les corps, & par laquelle il combat la cohérence de leurs parties ; ainſi de ces deux forces combinées, la cohérence des corps, & l’effort que fait le feu pour s’y oppoſer, réſultent tous les aſſemblages & toutes les diſſolutions de l’Univers, la cohéſion uniſſant, comprimant, connectant les parties des corps, & le Feu, au contraire les écartant, les ſéparant, les raréfiant.

Il faut donc examiner les différens effets qui réſultent de la combinaiſon de ces forces.