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DU FEU.

Ainſi on peut conſidérer le Feu dans trois états différens, qui réſultent de la combinaiſon de ces deux forces.

1o. Lorſque l’action du Feu ſur les corps, & la réaction des corps ſur lui, ſont en équilibre ; alors c’eſt comme s’il n’y avoit point d’action, & les effets du Feu nous ſont inſenſibles.

2o. Lorſque cet équilibre eſt rompu, & que la réſiſtance des corps l’emporte ſur la force du Feu ; alors les corps ſe condenſent, une partie du feu qu’ils contiennent eſt obligée de les abandonner, & ils nous donnent la ſenſation du froid.

3o. Enfin, lorſque l’action du Feu l’emporte ſur la réaction des corps, alors les corps s’échauffent, ſe raréfient, deviennent lumineux, ſelon que la quantité du Feu qu’ils reçoivent dans leur ſubſtance eſt augmentée, ou que la force de celui qu’ils y renferment naturellement eſt plus ou moins excitée. Si cette puiſſance du Feu paſſe de certaines bornes, les corps ſur leſquels il l’exerce ſe fondent ou s’évaporent ; dans ce cas le Feu n’ayant plus d’antagoniſte, force par ſa tendance quaquaverſum, les parties des corps