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DE LA NATURE

inſenſible que le Feu exerce dans tous les corps.

Si l’équilibre que le Feu affecte, n’étoit jamais interrompu, ni dans nous-mêmes, ni dans les corps qui nous entourent, nous n’aurions aucune idée du froid, ni du chaud, & nous ne connoîtrions du Feu que ſa lumiére.

Mais comme il eſt impoſſible que l’Univers ſubſiſte, ſans que cet équilibre ſoit à tout moment rompu, nous ſentons preſque à chaque moment les viciſſitudes du froid & du chaud que l’altération de notre propre température, ou celle des corps qui nous environnent, nous font éprouver.

L’action du Feu, lorſqu’elle ſe cache, ou lorſqu’elle ſe manifeſte à nous, peut être comparée à la force vive & à la force morte ; mais de même que la force du corps eſt ſenſiblement arrêtée ſans être détruite, auſſi le Feu conſerve-t-il dans cet état d’inaction apparente, la force par laquelle il s’oppoſe à la cohéſion des parties des corps, & le combat perpétuel de cet effort du Feu, & de la réſiſtance que les corps lui oppoſent, produit preſque tous les Phénomenes de la Nature.