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DE LA NATURE

dre quantité eſt en équilibre avec celles de l’Eau, & que quand l’action & la réaction ſont égales, c’eſt comme s’il n’y avoit point d’action. Car on ſuppoſeroit une choſe entierement contraire à tout ce que nous connoiſſons de l’action du Feu ſur les corps, & de la réaction des corps ſur le Feu ; les corps ne réſiſtent à l’action du Feu que par leur maſſe, ou par la cohérence de leurs parties : or l’Eſprit de Vin eſt de tous les fluides celui qui peſe le moins (ſi vous en exceptez l’air) & celui dont les parties paroiſſent les moins cohérentes ; l’alcohol, qui eſt plus leger que l’Eſprit de Vin, eſt encore plus inflammable que lui ; ainſi plus on conſidére le Feu comme un corps qui agit ſelon les loix du choc ſur les autres corps, moins on trouvera vrai-ſemblable que le corps le plus léger ſoit de tous celui qui réſiſte le plus à l’action du Feu. Donc puiſque le Thermometre fait voir que l’Eſprit de Vin ne contient pas plus de Feu que l’Eau, il faut convenir que le Feu eſt diſtribué également dans tout l’eſpace, ſans égard aux corps qui le rempliſſent. Si l’Eſprit de Vin rompt plus la lumiére que des liquides plus denſes, s’il ne ſe gele jamais,