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DE LA NATURE

Réponſe à cet argument. Cet argument ſeroit invincible, ſi l’on étoit ſûr qu’aucun autre corps que le Feu ne ſe fut introduit dans le Fer enflammé ; mais on eſt bien loin d’en être ſûr, car s’il peut ſe mêler des corps étrangers aux corps calcinés par les rayons du Soleil (le Feu le plus pur que nous connoiſſions) combien à plus forte raiſon pourra-t-il entrer de particules de bois ou de charbon dans les corps qu’on expoſe au Feu ordinaire ? ainſi on ſent aiſément qu’en réfutant l’expérience de M. Homberg, j’ai compté réfuter celles de M. Boyle, & Lémery, & toutes celles enfin qu’on a faites ſur les corps augmentés de poids par le Feu ; cette augmentation que le Feu d’ici-bas cauſe dans les corps, devroit même être fort ſenſible par la quantité de particules hétérogenes qu’il doit introduire dans leurs pores, & elle n’eſt imperceptible dans quelques-uns, que parce qu’ils perdent beaucoup de leur propre ſubſtance par l’action du Feu, & que leur peſanteur ſpécifique diminue par la raréfaction.

Il faut donc conclure de toutes ces expériences que le Feu ne peſe point, ou que s’il peſe, il eſt impoſſible que ſon poids ſoit jamais ſenſible pour nous.