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DE LA NATURE

ſommes certains ſeulement qu’ils ſont incapables d’exciter en nous la ſenſation que nous avons appellé chaleur, mais peut-être inventera-t-on quelqu’inſtrument aſſez fin pour nous découvrir auſſi dans les rayons de la Lune ce pouvoir raréfactif qui paroît inſéparable du Feu.

La raréfaction des corps par le Feu, paroît une des loix de la Nature. La raréfaction que le feu opére ſur tous les corps qu’il pénétre, paroît être une des loix primitives de la Nature, un des reſſorts du Créateur, & la fin pour laquelle le Feu a été créé ; ſans cette propriété du Feu tout ſeroit compact dans la Nature ; toute fluidité, & peut-être toute élaſticité vient du Feu, & ſans cet agent univerſel, ſans ce ſouffle de vie que Dieu a répandu ſur ſon ouvrage, la Nature languiroit dans le repos, & l’Univers ne pourroit ſubſiſter un moment tel qu’il eſt.

Ainſi loin que le mouvement ſoit la cauſe du Feu, comme quelques Philoſophes l’ont penſé, le Feu eſt au contraire la cauſe du mouvement interne dans lequel ſont les parties de tous les corps.

C’eſt ici le lieu d’examiner les raiſons qui prouvent que le Feu n’eſt pas le réſultat du mouvement.