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fets produits, dans le mouvement uniforme & dans le mouvement retardé, ſont d’un genre different & qu’on ne peut comparer, l’effet du premier n’étant que l’eſpace parcouru ſans aucun obſtacle dérangé dans cet eſpace ; & celui du ſecond conſiſtant dans le déplacement de ces obſtacles, je ne craindrai donc point d’aſſurer que dans tous les cas poſſibles, la force des Corps doit être évaluée par les obſtacles qu’ils ſurmontent de quelque nature qu’ils puiſſent être, & qu’on ne peut ſubſtituer aux pertes réelles qu’ils font en les ſurmontant, les pertes maginaires que vous leur faites faire en ne les ſurmontant pas, ſans ſuppoſer en même-tems les contradictoires, & qu’enfin, ſuppoſé qu’il fut poſſible que les expériences nous fiſſent illuſion, & que la force des Corps ne fut pas le produit de leur maſſe par le quarré de leur viteſſe, je dis que dans ce cas même, votre propoſition & les concluſions que vous en avez tirées ſeroient toujours fauſſes, car ce qui implique contradiction ne peut jamais devenir vrai.

Cependant malgré toutes ces preuves, vous me dites encore à la pag. 11. de votre Lettre, que je ne puis vous paſſer cette concluſion, qu’on doit eſtimer la force des corps par les obſtacles qu’ils ne ſurmontent point, & qu’ils auroient ſurmonté par une force conſtante, mais que je ne la refute nullement : dites moi donc ce que c’eſt que refuter, ſi ce n’eſt pas démontrer, que ce que l’on com-