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DE LA NATURE

Et ſans lumiere. Enfin une bougie que vous éteignez, & qui ceſſe d’éclairer, s’évapore, & ſe raréfie encore par la fumée qu’elle rend, donc la raréfaction ne dépend ni de la lumiere, ni de la chaleur du Feu, puiſqu’elle ſubſiſte dans les corps que le Feu pénétre indépendamment de leur chaleur, & de leur lumiere.

Il eſt vrai que la chaleur & la lumiére du Feu ont dû être connues bien long-tems avant qu’on ſe doutât de ſa raréfaction : mais preſque toutes les idées des hommes n’ont-elles pas beſoin d’être réformées par leur raiſon ? La forme & le mouvement de la matiere, par exemple, ont été connues bien long-tems avant ſon impénétrabilité, & perſonne cependant n’en concluëra que le mouvement & une certaine forme ſoient auſſi inſéparables de la matiere, que l’impénétrabilité.

On peut cependant faire pluſieurs objections contre cette définition, qui fait de la raréfaction la propriété diſtinctive du Feu.

Objections contre la raréfaction univerſelle du Feu, & réponſes à ces objections. 1o. On peut dire que la raréfaction que le Feu opére, ne ſe manifeſte pas toujours à nous.

Mais il eſt de la nature du Feu que cela ſoit ainſi, le Feu eſt également répandu dans tous les corps (comme je le prouverai dans