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DU FEU.

L’effet le plus univerſel du Feu, c’eſt d’augmenter le volume de tous les corps, Ce ſigne certain de la préſence du Feu, cet effet qu’il produit dans tous les corps, qu’on voit, qu’on touche, & qu’on meſure, qui s’opére dans le vuide avec la même facilité que dans l’air, c’eſt d’augmenter le volume des corps avant d’avoir enlevé leurs parties, de les étendre dans toutes leurs dimenſions, & de les ſéparer juſques dans leurs principes lorſque ſon action eſt continuée ; cet effet ne dépend point de la lumiére & de la chaleur du Feu, car l’air eſt très-raréfié ſur Raréfaction ſans chaleur. le haut des Montagnes où la chaleur eſt inſenſible, & cette raréfaction de l’air qui eſt beaucoup plus grande au ſomet des Montagnes que ne la donne la raiſon inverſe des poids, doit être attribuée en partie au Feu, qui, à cette hauteur raréfie l’air ſans l’échauffer ſenſiblement.

L’eau qui bout à 212 degrés environ du Thermometre de Mercure, & qui paſſé cela n’acquiert plus aucune chaleur par le Feu le plus violent, s’évapore cependant à force de bouillir ; or elle ne peut s’évaporer que ſa raréfaction n’augmente, & que ſes parties ne s’écartent de plus en plus les unes des autres.