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à-dire, comme le quarré de cette vîteſſe multiplié par ſa maſſe. Voici donc ce qu’on appelle un Argument ad hominem, qui nous réduit au ſilence, ne nous laiſſant pas même la reſſource d’un ſubterfuge plauſible.

Mais que diroit-on d’un homme, qui étant dans la fauſſe perſuaſion que le double de tout nombre entier, ou rompu, eſt égal à ſon quarré, nous en donneroit pour preuve l’exemple du nombre 2, parce que 2 & 2 font 4, de même que 2 multiplié par 2 fait 4 auſſi ? Ne lui repondroit-on point ſur le champ, que 3 & 3 font 6, & que le quarré de 3 eſt pourtant 9 ; que le double de 1½ eſt 3, & ſon quarré n’eſt que ¼ ; qu’un exemple particulier, fortuit, & équivoque, ne prouve pas une théorie générale ; ou plûtôt ſe donneroit-on la peine de lui repondre ?

Reprenons maintenant l’exemple des trois boules A, B, C, & voyons s’il eſt plus concluant que celui auquel je viens de les comparer. Mais pour ôter l’équivoque que cauſe ici le nombre 2, & enſuite l’unité, donnons à la boule A, 3 de vîteſſe par exemple, ou 4, pour éviter la fraction de la moitié de l’impair ; remettons la Formule du