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DU FEU.

des de l’être que nous appellons Feu.

6o. La lumiére & la chaleur ſont les objets de deux de nos ſens, le tact & la vûë, & par cette raiſon même elles ne paroiſſent point propres à conſtituer l’eſſence d’un être auſſi univerſel que le Feu. Ce ſont des ſenſations, des modifications de notre ame, qui ſemblent dépendre de notre exiſtence, & de la façon dont nous exiſtons ; car un aveugle définira le Feu ce qui échauffe, & un homme privé du tact univerſel, ce qui éclaire. Ils auront donc tous deux des idées différentes d’un même être, & celui qui ſeroit privé de ces deux ſens, n’en auroit aucune. Or je ſuppoſe qu’il ait plû à Dieu de créer dans Sirius, par exemple, un globe dont les êtres n’ayent aucun de nos ſens (& il eſt très-poſſible que dans l’immenſité de l’Univers il y ait de tels êtres) le Feu ne ſeroit certainement ni chaud, ni lumineux dans ce globe, & cependant il n’y ſeroit pas anéanti ; il paroît donc qu’il faut chercher dans le Feu quelque effet plus univerſel, & dont l’exiſtence ne dépende point de nos ſens.

Combien nos ſens nous trompent ſur la chaleur. 7o. La néceſſité d’un tel ſigne pour nous faire juger avec certitude de la préſence du