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DE LA NATURE

rence entre la lumiére & la chaleur. entre la chaleur & la lumiére, c’eſt qu’un corps peut perdre ſa lumiére en un inſtant, mais il ne perd jamais ſa chaleur que ſucceſſivement ; cette différence eſt une ſuite de la façon dont la chaleur & la lumiére agiſſent ; car pour faire périr la lumiére, il ſuffit d’interrompre la direction du Feu en ligne droite ; mais puiſqu’il faut, pour exciter la chaleur, qu’il pénétre les corps en tout ſens, cette action doit être plus difficile à arrêter ; ainſi ſi vous couvrez le miroir ardent d’un voile, la lumiére diſparoît dans le moment à ſon foyer, & cependant un corps ſolide qu’on y auroit expoſé, conſerveroit encore longtemps après, la chaleur qu’il y auroit acquiſe, c’eſt encore pourquoi les corps ſe refroidiſſent lentement dans le vuide de boyle, quoiqu’ils s’y éteignent très-promptement.

Sentiment de Deſcartes ſur la chaleur & la lumiere. 5o. Si on vouloit s’appuyer de l’autorité, on diroit que Deſcartes compoſoit la lumiére de ſon ſecond élément, & le Feu de ſon premier ; il ne donne à la vérité aucune raiſon de cette idée, & je ne prétends pas l’examiner ici, mais elle ne pouvoit être fondée que ſur ce que ce grand homme penſoit que la lumiére & la chaleur étoient deux mo-