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DE LA NATURE

leur du Soleil fût ſi moderée, & qu’en Hiver même où il nous donne une chaleur ſi médiocre, le miroir ardent fît cependant ſes plus grands effets ; c’eſt ce que M. Lémery a très-bien remarqué : cet habile homme attribuë cette différence à l’air qui eſt entre le Soleil & nous, & qui modere la chaleur des rayons du Soleil, comme le bain-marie tempere la chaleur de notre Feu ; mais ne pourroit-on pas lui répondre que l’air eſt également entre le miroir ardent & ſon foyer, comme entre le Soleil & nous ? & que par conſéquent il devroit tempérer les effets des rayons raſſemblés par ce miroir, comme il tempere ceux des rayons que le Soleil nous envoye, le miroir & nos yeux les recevant du Soleil également affoiblis.

Le peu d’impreſſion que les rayons qui entrent dans nos yeux, font ſur cet organe, eſt encore une preuve que le Feu n’agit pas par la ſeule quantité.

Il paroît donc qu’il faut chercher une autre cauſe des effets des verres brûlans, puiſqu’ils ne peuvent être attribués à la ſeule quantité des rayons qu’ils raſſemblent à leur foyer.