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DE LA NATURE

quoiqu’il ſoit au-dedans de nous-mêmes, & dans tous les corps qui nous environnent.

I.

Que le Feu n’eſt pas toujours chaud
& lumineux.

La chaleur & la lumiére ſont de tous les effets du Feu ceux qui frappent le plus nos ſens ; ainſi c’eſt à ces deux ſignes qu’on a coûtume de le reconnoître, mais en faiſant une attention un peu réfléchie aux phénomenes de la Nature, il ſemble qu’on peut douter ſi le Feu n’opére point ſur les corps quelque effet plus univerſel, par lequel il puiſſe être défini.

On ne doit jamais conclure du particulier au général, ainſi quoique la chaleur & la lumiére ſoient ſouvent réunies, il ne s’enſuit pas qu’elles le ſoient toûjours ; ce ſont deux effets de l’être que nous appellons Feu, mais ces deux propriétés[1], de luire & d’échauffer, conſtituent-elles ſon eſſence ? en peut-

  1. Je me ſers ici indifféremment des mots de modes & de proprieté, pour éviter le retour trop fréquent du même mot, car en rigueur, puiſque le feu n’eſt pas toujours chaud & lumineux, la chaleur & la lumiere ſont des modes & non pas des proprietés de l’être que nous appellons Feu.